2015_Irlande3

Pour avoir couru 4 fois le relais exrême du Vercors (93/94/96/97) sur 5jrs (avec coéquipier) et le défi de l'Oisans (en 1995, 200km pour 12000D+) je sais que sur une semaine, pour moi tout au moins, c'est le 3ème jour le plus difficile physiquement. Cela veut bien dire qu'après ça va mieux. Et ce 3ème jour, je le crains d'autant plus qu'hier j'ai laissé sur le bitume beaucoup d'énergie. Mais je ne le regrette pas ! Une place sur le podium d'un marathon, c'est toujours un honneur qu'il faut mériter.

Donc je sais dès le départ que la journée va être difficile et sur ce départ : 1 bonne nouvelle c'est que les 8 premiers km sont tout plats et une mauvaise nouvelle : il pleut ! Comment s'habiller ? Sachant que cette pluie n'est pas trop froide... Je pars donc sagement et je suis en 13/15ème position au bout de 2km. J'espère arriver au semi en 1h45' et finir en 3h30', mais ça je crois que c'est du rêve aujourd'hui ! Ma ligne de conduite est donc de 5min au km et je vais y arriver un peu difficilement jusqu'au 15ème. (env 10 miles). Après le 16ème km à Ballylifin, il pleut toujours et ça monte sérieusement dans ce village. Je décide de marcher pour préserver l'énergie qu'il me reste. Du 15 au 25ème km, mes craintes deviennent réalité, je n'arrive plus à tenir les 12km/h. En fait avec l'expérience je sais de mieux en mieux évaluer ce qu'il me reste d'énergie pour finir un marathon... Et là je sais que ce n'est pas beaucoup ! Cependant je suis quand même avant tout un coureur de long cours, 100 bornes et 24h entres autres, donc je crois pouvoir dire que je sais gérer ces moments un peu plus difficiles. Pas d'affolement donc !

Le semi en 1h44'30" me rassure totalement à ce point milieu mais le plus dur reste à venir... Et le plus dur n'est pas un vain mot ! Une côte, que dis-je un col est devant moi et devant chaque concurrent à ma hauteur. D'ailleurs, il y en a de plus en plus car je commence à rattrapper ceux qui sont partis à 8h (Nous à 9h tous les jours). Enfin, je ne suis pas surpris car j'ai bien regardé le profil. La photo ci-dessous et celle du bas montrent bien la descente de ce col d'environ 2km entre 10 et 30%. J'essaie de marcher un peu vite dans les lacets et je cours un peu sur les portions moins raides. Finalement je gère bien physiquement et moralement ce col et quand la descente arrive, j'oserai presque dire que je suis frais ! Bien sûr c'est tout relatif mais je sens que je vais pouvoir allonger sérieusement et c'est ce qui se passe. 1km de descente et... ça remonte ! Puis ça redescend sur 4km, les 5km du 31 au 35 seront réglés en 24min., j'ai donc regagné un peu ce que j'avais perdu avant dans mon optique des 5min au kilo.

Bien sûr je force plus que d'habitude et, en plus moralement, je suis prisonnier de 2 optiques. Ne pas perdre trop de temps sur cette "étape" sachant que les 3h30 étaitent bien un rêve, et le fait contradictoire de me réserver pour demain. Demain est un jour stratégique où je pense que pas mal de coureurs vont "coincer". Il faudra donc que je gère mieux le dernier que l'avant-dernier. Mi figue-mi raison dit-on. Et oui on a le temps de cogiter ! Je force donc un peu, sans plus. Je reste souple. Les muscles fatigués répondent quand même pas mal.

Les 4/3 derniers miles vont être bien longs même s'il ne pleut plus. L'arrivée enfin à Bucrana va me libérer comme tous.

Ce sera 3h37'40" finalement. Moitié content bien que loin des 3h30'... Enfin content de ma gestion quand on me dit 8ème sur la centaine de coureurs qui termineront ce 3ème.

Je ne sais pas combien je suis au classement général du cumul des 3 mais j'espère surtout récupérer très vite pour ne pas m'écrouler demain... J'espère au moins être de nouveau sous les 4 heures avec un rêve d'être sous les 3h30' car le parcours sera de loin le plus facile des 4... On verra bien, demain est un autre jour. En tous cas aucune(s) douleur(s) anormale(s), c'est l'essentiuel.

On va visiter la chaussée des géants où il va falloir faire plus de 200km pour l'aller-retour et 2 km de marche sur place... sous la pluie.