07 mars 2015, un trail magnifique sous le soleil avec des chemins et sentiers à vivre à fond !

à fond au sens figuré, au sens propre ce sera une autre histoire !

parcours ? 90% sur chemin

D+ env 2660 m.

Nb partants ? env. 250.

Mon ambition ? Me faire plaisir sur de beaux sentiers tout en préservant à tous prix les chevilles et autres (gamelle interdite !)

Partant "doucement" il serait logique que je finisse bien...

Faire du long (et difficile) 8 jours avant Barcelone ne me dérange pas. Parce que faire un bon chrono à Barcelone n'est plus une priorité absolue (surtout après Gérone) et aussi je me rappelle qu'après les 6h. de St-Fons (69km)2014, 8 jours après je faisais mon meilleur chrono de l'année à Annecy... Qui vivra verra...

Suis je débutant en trail costaud ? Inconscient des difficultés du sol et du dénivelé ? Et en plus je fais des grosses erreurs (oubli frontale !) En tout cas je ne suis pas fier de moi sur ce coup là ! Prendre de tels risques à 7 jours de commencer ma série de marathons n'est pas très raisonnable sur ces sentiers de fous où pendant 55km sur les 62, tu n'as pas une seconde de répit quant à savoir où poser les pieds. 55km de risques importants de se tordre les chevilles, de taper les genoux ou même la tête contre des grosses pierres ou rochers. Et bien sûr forts risques de dérapages incontrôlés si l'on veut tenter de dépasser quelques secondes les 10km/k !!!

Et pourtant je finis quand même sans casse physique après 8h 18min pour 62 km et 2700 D + ; Ex aequos à la 5ème place en V2 avec et grâce à un autre coureur qui m'a éclairé avec sa frontale pendant la dernière heure. Mille merci Marc !

270 partants _ 55 abandons _ le dernier en 11h30'

 

 

 

Invité par un ami qui a une maison par là-bas, je réponds oui à ce qui va être un festin de roi au milieu des Cévennes. Ce "pays" que certains qualifient de milieu hostile. Il est vrai qu'il n'y a rien de plat d'une part et que des cailloux et pierres d'autres part. Seuls quelques moutons et chèvres peuvent résister aux hivers très rigoureux et trouver quelque chose à manger.

Au moment de se mettre à table vers midi, le soleil est radieux et le vent d'hier s'est calmé. Bien difficile de croire qu'on est encore en hiver, sur le calendrier tout au moins. Une balade d'environ 7h est devant moi et je compte bien en profiter. Tout les voyants sont au vert. La mise en bouche est agréable sur goudron et je suis quand même un peu surpris que certains avalent ça au sprint ! Ca part à fond !

J'apprécie bien l'entrée qui suit servie sur un sentier déjà bien pierreux (grande photo ci-dessus). Un sentier comme je les aime mais la vigilance doit déjà être double. Déjà il faut regarder à la fois le sol et à la hauteur de ma tête car les branches d'arbres sont partout penchées au dessus de notre passage. Un gars aux cheveux blancs est tantôt devant, tantôt derrière moi. Km 5,5, descente jusqu'au 9ème ; je saute, je danse entre les pierres et double quelques concurrents quand c'est possible. Le 1er ravito est au 12ème km. Je l'attends si longtemps que je me demande si je ne l'ai pas raté. Il arrive au km 13,5 ! je fais le plein de ma gourde.

N'ayant pas de GPS, c'est difficile de savoir à quel km je suis. Mais peu importe, il faut avancer. Du 10 au 15, on "s'avale" une montée bien raide. Si raide que je me demande si je ne suis pas déjà au point le plus haut (1250m) lorsqu'une petite descente se présente. Plat sur 200m, montée sur 300, plat sur 400m remontée... toujours sur sentiers en fôret. Mais je saurais après que je viens de manger les légumes qui sont toujours faciles à digérer chez moi et que le gros plat de viande est devant moi. Majestueux, bien présenté, enrobé de quelques fleurs de printemps minuscules. "C'est où le sommet ?" Là-bas me réponds le bénévole d'un air tranquille, lui. (photo depuis un tronçon de route ci-dessous à gauche). Vu de loin, c'est presque pas impressionnant mais quand tu es au pied et que tu lèves la tête... A quelques mètres les uns des autres on attaque le plat de résistance. Souvent en s'aidant des mains pour ne pas glisser, reculer. Cailloux, rochers, pierres, sable, genêts... Il faut sans cesse chercher où mettre le pied pour ne pas glisser (je n'ose imaginer s'il pleut !). Comme en montagne dès qu'un pseudo-replat arrive on croît être arriver mais comme en montagne, après une "bosse" il y a une autre "bosse". Prenant mon courage à deux mains tout en les maintenant sur les genoux j'avance, doucement mais j'avance... Il me faudra pas loin d'une heure pour parcourir ...2 km ! Une entrecôte de cette grosseur c'est toujours très difficile à avaler chez moi ! Pointage et ravito tout en haut près d'un pylone TDF. Je mange une part de cake aux fruits alors qu'on me dit à la 49ème place.

Dès le début de la descente, je sens que j'ai de bonnes jambes et donc, que cette magistrale grimpée n'a pas trop "entamée" mes chevilles et genoux. Il faut dire que j'ai laissé passer une dizaine de concurrents surtout sans chercher à les suivre. Mais maintenant c'est moi qui suis sur "mon" terrain de jeu préféré et je ne tarde pas à allonger les foulées dès que c'est possible. Malheureusement ce ne sera pas possible souvent. Néanmoins, je rattrappe, je rattrappe... J'adore le trou normand à chaque repas de fête moi ! Je file en attendant le 32ème km où mon épouse m'a dit qu'elle m'attendrait au village nommé Aulas (Bonjour au président de l'OL). Je descends... enfin pas toujours car il y a régulièrement des remontées sur 10/20m sur sentier monotrace avec virage sans arrêt. Je suis souvent en équilibre penché à l'intérieur de chaque virage... Un moment je gueule pour dire à des coureurs qu'ils se trompent de "route", un peu plus loin c'est moi qui ne vais pas où il faut. Le gars derrière moi m'avertit, merci beaucoup l'ami. Le balisage est parfois insuffissant il faut le dire (à fortiori quand ce sera la nuit)... Je n'en vois pas le bout de cette descente qui finit sur une route ayant été goudronnée autrefois. Défoncée maintenant, de gros trous, des fossés en plein milieu ! Le moment "relaxe" du trou normand aura durer près d'une heure et demi. Et si cette descente n'était pas roulante du tout, je suis quand même maintenant en 29ème position. Agréable nouvelle qui fait opposition à une mauvaise. J'ai l'impression d'avoir un petit cailloux à l'avant du pied droit et je dois m'arrêter 5 min. Des gars me (re)doublent dont le coureur aux cheveux blancs lorsque je vide ma chaussure. Inutile, il n'y a pas de cailloux, c'est une cassure de la basket qui me fait mal toujours au même endroit et je saigne. Une première alerte... La grande photo ci-dessous illustre bien la difficulté du sentier pendant disons 50 à 60% du temps. Imaginez la descente sur ce même sentier !

Il faut attaquer maintenant le plateau de fromages, du roquefort bien virulent ici pensez-vous ! Mon appétit de tout à l'heure a bien disparu. Mais je continue à manger doucement doucement, km par km. Ca regrimpe sérieux et cette fois les genoux protestent un peu. Il faut dire que j'en suis à plus de 5 heures de course. Cependant si la fatigue toute relative se fait sentir, je n'ai aucun souci physique et je ne veux pas me plaindre. Encore aucune gamelle, alors restons prudent. Arrivé sur un plateau, je sors l'appareil photo pour immortaliser les chevaux dans les genêts alors que le soleil rasant est encore éclatant. Lieu-dit La Fageole. Le soleil commence à disparaître lorsque j'entame l'avant dernière descente, aussi catastrophique que les autres ! J'arrive à Bez à 18h30 et téléphone à mon épouse de ne pas m'attendre avant 20h30. Il reste "seulement" 10km mais j'estime qu'il me faudra 2 heures en tenant compte qu'il est toujours aussi impossible de courir à plus de 10km/h même sur quelques centaines de mètres, que je suis "mort" et surtout que je n'ai pas de frontale. Je ne vois plus rien ou presque. J'attends d'autres coureurs aux carrefours pour m'indiquer la suite puis la dernière descente...

 

 

points (très) positifs ? un renforcement de ma résistance à l'effort très important autant qu'un renforcement moral (face aux difficultés physiques)... C'est sûr je vais trouver les marathons faciles après "cela".

à améliorer ? Le balisage : j'ai failli me tromper 3 fois (et rappelé 1 fois certains qui se trompaient de chemins aussi)

Trail pur et dur donc pour les purs et durs de nature sauvage... Soit, il en faut pour tous les goûts mais je pense quand même que les organisateurs prennent beaucoup (trop) de risques à travers des épreuves comme celle-là qui, en plus, finit de nuit...

 

 
 

La dernière descente que j'espérais encore un peu roulante... espoir déçu. Je vois bien le sentier plutôt sablonneux mais plus du tout ou très mal les pierres de partout. Les "sauts" de mini rochers sont tellement sombres que je ne vois pas si la "marche" est de 10 ou 50cm... L'inévitable se produit. Je chûte et prend une crampe au mollet droit sur le coup. Je repars en marchant tandis que plus d'une dizaine de coureurs me doublent. Je pense abandonné mais il faut arriver jusqu'à Avèze à 5km de l'arrivée. Je continue donc en marchant très doucement. Puis me résigne à demander à un coureur de m'éclairer avec sa frontale. "Mets toi à côté de moi et suis-moi..." Marc me sauve ma fin de course et je serre les dents pour le suivre même quand on se retrouve encore sur un sentier en V avec 10/15cm seulement de chaque côté du V où l'on ne peut donc pas courir. Les chevilles tordues, meurtries, torturées vont résister malgré tout jusqu'à l'arrivée après cette course à plusieurs facettes opposées.

Une grande aventure donc qui a durée 8h et 18min. Je m'en tire bien finalement avec seulement un doigt de pied raboté. Je ne sais pas du tout ce que "ça" va donner à Barcelone dimanche prochain mais je suis assez certain que des bons chronos apparaîtront encore cette année sur un marathon roulant où je serai bien reposé au départ... à très bientôt.

Merci l'ami !

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